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    Une comédie musicale frétillante... Journaliste, producteur et réalisateur français, Jacques Pessis aime raconter les artistes et les faire revivre, pour se souvenir, pour provoquer l'évasion. Après "Une vie en rose et noir", le talentueux spectacle sur Edith Piaf actuellement en tournée mondiale, Jacques Pessis s'attaque à une autre de ses muses : la charismatique Joséphine Baker. Jacques Pessis a souhaité rendre un hommage à cette première vedette noire du music-hall, à cette célèbre chanteuse, danseuse et meneuse de revue en créant un nouveau spectacle, "Jo et Joséphine". Un titre qui évoque la liaison entre cet homme musicien et cette femme de caractère. Jo Bouillon a joué un rôle important dans la vie de l'artiste en l'aidant à relancer sa carrière alors qu'elle ne voulait plus remonter sur scène. Pendant plus de 15 ans, ils ont vécu ensemble et ont réalisé le rêve de la chanteuse : acheter le domaine des Milandes en Dordogne, pour élever sa « tribu arc-en-ciel », des enfants de toutes les couleurs. Avec ce talent unique pour raconter, Jacques Pessis plonge le spectateur dans l'ambiance des années d'après-guerre et dévoile une partie de l'intimité de Joséphine. Avec une écriture dynamique, fantasmée et vraisemblable, "Jo et Joséphine" propose de connaître un peu plus la femme noire qu'était Joséphine Baker, ses caprices, ses révoltes, ses exubérances et ses souffrances. Avant de devenir une figure du music-hall, cette femme était espionne pour la lutte en faveur de la résistance. Et se fit le porte-parole de la cause noire, pour laquelle elle milita activement, étant elle-même fréquemment victime de racisme. Proche de Martin Luther King, elle participa plus tard à sa Marche de Washington pour le travail et la liberté.

     

    Aurélie Konaté, interprète de Joséphine Baker, arrive très justement à montrer les différentes facettes de la personnalité complexe de cette femme. Avec un accent américain parfaitement maîtrisé, l'ex-star académicienne développe un jeu touchant, qui alterne entre moments forts, instants légers et danses sensuelles. Imitant la voix chaude de Joséphine Baker, Aurélie s'extrait de son corps pour envahir celui de l'artiste. Dans une confusion troublante, elle chante et danse à ravir. Elle excelle dans une scène où elle ramène Joséphine à ses racines, lors d'une danse africaine énergique et saccadée. Dans le rôle de Jo Bouillon, Grégori Baquet l'accompagne joliment. En amoureux transi qui sait rester réaliste, le comédien apporte une touche d'humour, de légèreté et de dynamisme à la pièce. Il est naturel, joyeux, frais et discret. Et chante avec souplesse et fantaisie. Si la pièce est réussie, c'est aussi grâce aux décors, astucieusement disposés et joliment soignés. Avec un bar à droite, une cabine privée à gauche et une lumière feutrée, la mise en scène de Rubia Matignon réussit à créer une atmosphère particulière, celle des Folies Bergères de l'époque, enfumée et frénétique. Derrière ce décor, se trouvent les musiciens. Des musiciens très à l'aise dans ce répertoire jazzy. Souriants et décontractés, ils jouent parfois discrètement, souvent vivement, accompagnant les dialogues, et menant tambour battant les danses de Charleston. « Jo et Joséphine » est un spectacle de qualité, qui divertit et égaye le public. Entre danse, dialogue, musique et chant, Jacques Pessis offre un hommage touchant et mérité à une femme touchante et méritante. Cécile Strouk 


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